Précédemment, nous avons vu le mode d'évangélisation des frères dans les pays composant la sainte «Ligue catholique », c'est-à-dire la France, l'Espagne, le Portugal et leurs colonies du Nouveau Monde. En effet, ils fonctionnaient par corporations bien organisées et bien reliées entre elles. La plus puissante était la corporation des ouvriers du bâtiment, dites «maçons». Donc, les frères avaient appris à travailler en territoire ennemi dans le silence et l'anonymat.

Faisant partie du réseau des Églises cathares une immense chaîne reliait les Églises, les unes aux autres via la tête centrale de chacune de ces corporations. Et bien entendu, bientôt rattaché au protestantisme, elles serviraient également de source de renseignement et d'infiltration.

Jan Amos Komensky (1592-1670) est un évêque moravien, c'est-à-dire Tchèque. Il acquiert une réputation mondiale au niveau de la réforme de l'éducation. Il créa le schéma de l' «archétype social ». L'UNESCO considère que c'est le plus grand réformateur en matière d'éducation. Tout le système d'éducation européen a été pensé en fonction de son modèle. Il écrivit « le labyrinthe du monde et le Paradis du cœur ». Coménius fut pris entre une Église catholique et une Église protestante toutes deux inquisitrices. Toute sa vie, il dut fuir. Coménius comme chef spirituel fit sortir de Moravie les dernières bandes de fugitifs. Il perdit tout, sa femme et son fils sont morts des privations du voyage. De 1641 à 1642, il résidera à Londres où il transmettra le schéma et ses idées en matière de réforme éducationnelle. Il était maçon étant recteur d'une école de métiers. Connaissant le mode de fonctionnement en matière d'établissement d'Églises via les corporations, il transmit l'information. La maçonnerie anglaise avait créé un premier collège invisible financé par les « merchant banker ». Les Juifs ayant grandement souffert de l'Inquisition cherchèrent à s'affilier et même financer tout système permettant de briser le pouvoir temporel de « l'Église Catholique Romaine ». En Angleterre, ils y étaient arrivés. Alors, on commença à véhiculer des termes comme démocratie chez les frères et dans les régiments partant pour le Nouveau Monde, et des idéologies, comme tous les hommes naissent égaux et compatibles avec le Christianisme. Coménius était chrétien dans une maçonnerie chrétienne. Les populations qui partirent pour le Nouveau Monde étaient des frères et sœurs dans le Seigneur, fatigués des persécutions et désirant s'établir définitivement à un endroit. Nous verrons dans la prochaine partie de ce chapitre comment et pourquoi la maçonnerie changea pour s'appeler dans un deuxième temps franc-maçonnerie.