4. La Renaissance

La ville de Strasbourg compte 16 000 citadins. C'est la troisième ville en importance en Allemagne après Cologne et Nuremberg. La ville relève de l'empire, les principaux habitants sont des frères dans le Seigneur. Ils sont Hussites et Vaudois. Jean Gensfleisch originaire de Mayence se fait appeler Gutenberg. Installé à Strasbourg, il fait des recherches mystérieuses baptisées « Kunst und Aventur ». En 1440, il invente l'imprimerie. Cette dernière technologie restera durant la première moitié du XVieme siècle une invention jalousement gardée par les frères dans le Seigneur, et une puissante machine pour établir la Réforme. La première grande œuvre imprimée, la Bible latine, date de 1450. La prise de Constantinople par les Turcs en 1453 pousse de nombreux savants vers l'Occident. Les manuscrits grecs du Nouveau Testament y sont ramenés. Immédiatement, les universités enseignent le grec, jusqu'à Oxford en Angleterre. Sans égard pour les interdits de l'Église catholique, le Nouveau Testament vaudois trouvé dans l'abbaye de Tepl en Bohêmie fut publié et traduit en différentes langues. L'Étude du Nouveau Testament dans des cercles toujours plus étendus manifesta le contraste absolu entre l'enseignement de Christ, d'une part, et l'enseignement de l'Église catholique romaine d'autre part. Plus les érudits et les professeurs de langues traduisaient le Saint Livre, plus ils réalisaient l'hérésie de Rome. Évidemment, on réalisa que toutes ces petites Églises cathares avec leur Bible étaient dans le vrai, et qu'elles avaient effectivement pratiqué la saine doctrine de Christ. Il y eut un grand réveil religieux grâce à la Réforme.

 

La Réforme est entrecoupée de nombreuses guerres de religion partout en Europe entre le XVième et le XVIIième siècle. Nous n'en ferons pas une reconstitution historique, cette partie de chapitre servant à démontrer au lecteur que l'Église selon Christ a depuis les temps apostoliques, existé sur Terre. Malheureusement, il y eut de nombreux morts. À travers ces événements déchirants et pénibles, l'Église continua à traverser silencieusement le temps. L'ensemble des Églises cathares fondées sur les enseignements apostoliques, grandement persécutées depuis des siècles par l'Église catholique romaine unie à l'État, commençait à s'essouffler. Déjà, dans bon nombre de pays, la population était partisane de la doctrine des frères. La Réforme est l'arrivée en divers endroits d'hommes capables de rassembler ses frères et sœurs dans une religion d'État. Les frères étant fatigués des persécutions désirèrent se regrouper sous une religion d'État; afin de faire face d'une manière commune contre l'Inquisition. Alors, pour intégrer les éléments catholiques à une Réforme de l'Église, il fallait que la Réforme vienne du sein de l'Église catholique romaine.

 

Trois grands réformateurs sur quatre sont issus de l'Église Catholique Romaine; Luther, Zwingli et Calvin. Le dernier et non le moindre, est probablement le père de la Réforme, Pierre Robert Olivétan. Martin Luther, né à Eisleben en 1483, est le second fils d'une famille de huit enfants. Maître de philosophie à l'université d'Erfurt, il entra dans l'ordre des ermites de St-Augustin (1505) où il devint prêtre en 1507. En 1510, il déménage à Wittenberg et devient professeur de cette université. En 1515, il démontre à Wittenberg par les épîtres de Saint Paul que le Salut ne peut s'acheter mais qu'il doit se mériter parce qu'il est donné aux gens qui pratiquent la foi et la charité. Luther, en 1517, affiche au château de Wittenberg ses 95 thèses dans lesquelles il condamne la vente des indulgences. Il prononce sa célèbre phrase : « Ma conscience est prisonnière de la Parole de Dieu : je ne peux ni ne veux me rétracter ». Aussitôt, il devient un danger pour l'Église catholique. On ignore le moment exact où il fut contacté par les frères Vaudois amis de Frédéric de Saxe. Luther est initié à la sainte doctrine. Puis, en 1520, il brûle publiquement la bulle du pape Léon X qui le condamne. Excommunié et condamné par la diète de Worms, il se réfugie au château de Wartburg sous la protection de Frédéric de Saxe. Il y traduit la Bible, d'après les textes originaux en allemand. En 1525, il épousa l'ancienne sœur Katharina von Bora. En 1529, durant la Diète de Spire, apparaît, le mot protestant. En 1530, l'empereur convoque la Diète d'Augsbourg qui tourne à son désavantage puisqu'une coalition des princes du Nord sous l'autorité de Philippe de Hesse et de Frédéric de Saxe aboutit en 1531 à l'union dite de la Ligue de « Smalkade ». Le 25 juin 1530 Melanchthon qui devint le principal disciple de Luther fait devant la Diète d'Augsbourg un exposé modéré des 26 propositions qui fondent le luthéranisme. Il rédigea la « Confession d'Augsbourg et l'apologie d'Augsbourg ». Sous Luther, les princes épousèrent d'un commun accord le protestantisme sous la « Ligue de Smalkade » et infligèrent au pape une sérieuse résistance. L'Église luthérienne très proche de celle des frères voyait le jour. En 1546, Luther mourut et Melanchthon en devint le chef. À la paix d'Augsbourg, en 1555, le luthéranisme reçut consécration légale. Les princes régnant en Allemagne purent choisir entre lui et le catholicisme. Mais seuls les États pouvaient opter entre deux confessions, la liberté religieuse de l'individu n'étant pas reconnue. En dehors de l'Allemagne, la Réforme luthérienne se répandit en Scandinavie et dans les pays Baltes.

 

Ulrich Zwingli est né en 1484 dans une famille paysanne fortunée et très religieuse. Il obtient le grade de maître ès art à l'Université de Bâle. À 22 ans, il devint curé de campagne à Glaris. En 1516, il accepta d'être nommé curé de Einsiedeln, au sud-est de Zurich. Ce qui marque le plus chez Zwingli, c'est sa difficulté à vivre dans la sainteté. En 1516, il lut la traduction en latin du Nouveau Testament réalisée par Érasme, qu'il recopia dans ses carnets et apprit par cœur. S'appuyant sur ce texte et sur quelques autres passages de la Bible, il trouvera la paix dans le pardon du Christ rédempteur. Zwingli affirma dans ses sermons que l'enseignement et la pratique de l'Église s'étaient beaucoup écartés du Christianisme originel des Écritures. Parmi ces usages contraires au témoignage de la Bible, Zwingli citait l'adoration des saints et les reliques, la promesse de cures miraculeuses et les abus ecclésiastiques du système des indulgences. Fortement influencé par les Vaudois et les frères, le conseil de ville de Zurich cherchait un deuxième Luther, qu'on vit en cet homme Zwingli. Le premier janvier 1519, il fut nommé prêtre à la Collégiale de la cathédrale de Zurich. À cette cathédrale, Zwingli fut initié à la doctrine des frères. Dès lors, il va s'attaquer à sa vocation de réformateur. Son objectif : la souveraineté absolue de Dieu d'où découle le Salut donné gratuitement à l'être humain d'une part et l'autorité de la Bible d'autre part. Son choix étant fait, Zwingli va tout faire pour que Zurich devienne une cité réformée selon les Écritures Saintes. Toute son action va consister à transformer progressivement les cœurs et les mentalités de sa cité pour atteindre ce noble but. Aussi, cette même année (1519), un mystérieux admirateur mit une presse à imprimer à la disposition du réformateur et ses idées neuves et hardies se répandirent bien au-delà de Zurich. Luther et Zwingli ne s'entendront jamais sur la doctrine de l'eucharistie. Ceci empêchera une coalition entre l'Allemagne et la Suisse. Finalement, les cantons suisses catholiques influencés par l'archevêque, lui-même sollicité par le pape, attaquent les Zurichois et ceux-ci gagnent la bataille de Kappel. Zwingli y trouva la mort. Calvin parachèvera son œuvre à Genève.

 

La réussite du rassemblement des populations sous une bannière protestante, il faut dire que ce mouvement fut grandement influencé par les Églises apostoliques cathares, qui depuis des siècles avec plusieurs petits réformateurs issus de leur sein, avaient évangélisé ces populations. Le rassemblement sous un seul nom devenait évident contre l'Inquisition. Malgré cela, la sainte «Ligue catholique » aurait pu détrôner le protestantisme.

 

Ce qui donna des dents au protestantisme, ce sont les frères Vaudois, au Synode des Églises vaudoises dans la session du 12 octobre 1532. Cette rencontre historique eut lieu dans la ville de Chamforan au cœur de la vallée d'Angrone, où des milliers de Vaudois périrent atrocement pour leur foi sous l'Inquisition papale. Les Églises vaudoises y furent représentées, incluant celle de Calabre qui fut presque entièrement exterminée au XIVe siècles. Les Églises albigeoises qui survécurent ainsi que les Églises bohémiennes y envoyèrent des délégués. De cette façon, le vœu du Christianisme marginal était exprimé. De la part des réformés, Guillaume Farel, de descendance vaudoise et Antoine Saunier représentèrent les Églises françaises de la Suisse. Les Églises vaudoises résolurent de faire une Bible en français et d'en faire présent aux Églises réformées. Malgré leur pauvreté, les Vaudois en absorbèrent joyeusement les frais qui s'élevèrent à plus de 1500 couronnes d'or. Ainsi, les Vaudois nous transmirent le Livre Sacré qu'ils avaient reçu de l'Église primitive. Les Barbes vaudois avaient montré à Farel et à Saunier les exemplaires des manuscrits de l'Ancien et du Nouveau Testament en langue vulgaire, qu'ils conservaient précieusement avec une copie de la Vestus Itala traduite vers l'an 157 sur les manuscrits originaux de l'Église d'Antioche. Les deux réformateurs indiquèrent à l'assemblée que ces exemplaires, en petit nombre, ne pouvaient servir qu'à peu de gens, et qu'une traduction ou une révision sur les originaux s'imposait pour l'honneur de Dieu, pour le bien des chrétiens de langue française, et comme la meilleure arme contre l'erreur et les superstitions de Rome. La proposition de Farel et Saunier fut votée avec enthousiasme. L'homme qui devait exécuter les travaux, à la suite de cette décision, fut Pierre Robert Olivetan. Celui-ci consulta aussi la Bible allemande de Martin Luther, la Teplice bohémienne, et la version romanche des Vaudois. Olivetan, disposé depuis longtemps pour un tel travail, ne mit guère plus d'une année pour accomplir sa tâche. L'impression ne prit que quatre mois. L'Église cathare est une Église à part entière et d'après moi, doit être considérée comme une des Églises de la prophétie des sept chandeliers au début de l'Apocalypse. L'Église catholique n'ayant jamais existé, l'Église cathare nous aurait donné des fruits succulents, car elle avait su conserver les Écrits Saints vivants dans les assemblées. De plus, elle était en mesure de fournir aux nations du monde les Saintes Écritures. Chose qu'elle s'empressa de faire dès l'imprimerie inventée.

 

Il en résulta un grand réveil spirituel chez les Églises françaises. Leur nom fut Huguenots, preuve hors de tout doute que cette Église réformée avait un fondement cathare primitif apostolique. Précédemment, nous avons vu avec les Huguenots ce qui leur était arrivé en hâtant la Réforme. La « Ligue catholique » tomba sur eux, laissant un répit au protestantisme luthérien et calviniste pour se renforcir. Tandis que la « Ligue catholique » allait s'affaiblir en combattant les frères et sœurs dans le Seigneur, Huguenots.

 

Jean Calvin, né le 10 juillet 1509, était le fils du procureur fiscal de l'évêque de Noyon. Jean reçut une formation d'humaniste, il effectua des études de lettres et de philosophie aux collèges de la Marche et de Montaigu à Paris; puis de droit à Orléans, où il rencontra Pierre de L'Estoile. Il adhéra vers 1533 aux idées de la réforme protestante, initié par son cousin Pierre Robert Olivetan. Condamné par le parlement français après l'affaire des Placards[171], il dut s'enfuir à Bâle et revint à Noyon. En 1536, il se rendit à Genève, vieille cité épiscopale dont le Conseil venait de décider l'adhésion au protestantisme; à la demande de Guillaume Farel, il s'y installa. Guillaume Farel est le même homme qui fut contacté par les Églises vaudoises pour la traduction de la Bible. Tandis que Pierre Robert Olivetan était le cousin de Jean Calvin. Calvin révisa la Bible de Olivetan. Pierre Robert Olivetan mourut empoisonné à Rome, en 1537. Calvin et Farel firent de Genève le centre mondial du protestantisme. Calvin meurt le 27 mai 1564. Le Calvinisme triomphera dans certains cantons suisses, aux Pays-bas, en Écosse et fit de nombreux adeptes en France et dans le sud-ouest de l'Allemagne. En Angleterre sous Henri VIII, le 3 novembre 1534, le roi prononçait l'«Acte de Suprématie» qui l'établissait chef de l'Église anglicane. Sous le règne d'Élisabeth I, elle-même protestante, l'Église anglicane se rapprocha du calvinisme en matière de foi, mais conserva une organisation hiérarchisée sur le modèle catholique. Ainsi, les différents réformateurs traduisirent la Bible. John Wicleff se basant sur les textes originaux grecs et hébreux l'avait traduite en anglais, Luther se basant sur les textes originaux, l'avait traduite en allemand et Olivetan, se basant sur les livres et manuscrits des Églises cathares l'avait traduite en français. Toutes ces versions concordaient, les presses des imprimeries roulaient; et les gens lisaient plus que jamais le précieux livre. Des traductions basées sur ces versions se propageaient dans toutes les langues. L'Église catholique romaine avec ses hérésies devenait à court d'explications. Aussi, la sainte « Ligue catholique » s'affaiblissait entre une France en guerre, une Espagne perdant son invincible Armada et un Portugal en proie au protestantisme.

 

La Parole de Dieu cachée volontairement par l'Église catholique romaine ayant pour but de conserver un haut clergé dominant sur les peuples et les nations et de maintenir hypocritement les populations laïques dans l'ignorance en ne leur reconnaissant aucun droit comme ils ont fait en Nouvelle-France. L'objectif premier étant d'aveugler les royaumes, afin de mieux profiter des richesses terrestres perçues à même les tribus que rapportaient l'Inquisition, le trafic des indulgences, les icônes et la simonie. Par l'apparition de l'imprimerie sous la juridiction des frères dans le Seigneur, la connaissance de la lumière a vu le jour. L'ennemie n'avait plus d'armes pour faire craindre l'hérésie. Parce que tout homme, de toutes nations, pouvait désormais lire la Parole de Dieu, la Bible. La connaissance augmenta du fait que de nombreux croyants désirant se plonger dans les Écritures, apprirent à lire; et du même coup eurent a portée de main plusieurs autres connaissances. Le protestantisme a offert à ses populations la possibilité de lire la Parole de Dieu, de connaître le Salut par la Grâce, sans le payer de sa vie. Il a ouvert les portes de la connaissance divine, entre l'homme et Dieu. Il a permis aux nations de se protéger contre une Église catholique intolérante et inquisitrice. Il a donné un souffle aux nations pour établir un nouveau mode de fonctionnement. En premier, à l'intérieur de ses murs, en second sur le plan mondial.

 

Bien sûr, les versions de la Bible moderne ont évolué. Les érudits et savants des différentes universités d'après les textes originaux hébreux et grecs, lui ont donné tout son sens littéral, ayant plus de temps à leur disposition pour approfondir les doctrines bibliques, pour inter-relier le sens, pour décortiquer davantage le sens des mots. Cependant, l'homme moderne, comme le chrétien des Églises cathares apostoliques, retrouve en elle, toutes les choses que Dieu a laissé en héritage à l'homme, et qu'Il a scellé dans sa Parole, la Bible. À chaque époque, les doctrines bibliques priment et s'adaptent, et ce parce que Dieu a fait de Son œuvre, une Parole de Vie, valable et ayant son plein sens en tout temps. La Bible est un chef-d'œuvre lumineux et plein de vie à la gloire de Dieu.

 

Avec du recul, l'emprise de l'Église catholique sur les âmes et consciences des peuples, s'est atténuée. Les libertés et droits des hommes sont pleinement accordés individuellement et collectivement. Toutes ces batailles ce sont les chrétiens régénérés qui les ont gagnées, souvent au prix de leur sang.



[171] L'affaire des placards, il s'agit de la précipitation des huguenots en 1534 pour avoir une réforme de l'Église et obtenir des droits. Le roi ordonna la délation des coupables et plusieurs moururent sur le bûcher.